En littérature, en mathématiques, l’hyperbole est une exagération. Sous la forme d’une figure de style ou d’une figure géométrique, elle est utilisée pour appuyer un aspect ou marquer une excentricité.
En photographie, cela peut s’apparenter à une mise en scène accentuée par l’utilisation d’un grand-angle, d’un cadrage original. Bien d’autres techniques de prise de vue sont envisageables.
La vingtaine de photographies de cette série a été réalisée en utilisant un film argentique infrarouge. 
Ainsi, l’hyperbole se situe dans la longueur d’onde de 715 nanomètres. Autrement dénommé le « proche infrarouge ». Ce que l’œil humain ne voit pas, mais qui est retranscrit ici par un aspect blanchâtre. Condition sine qua non à la prise de vue infrarouge, la scène doit impérativement être éclairée d’une lumière vive, partiellement ou totalement.
Pour cette première photographie, l’hyperbole n° 1, celle qui est utilisée pour l’affiche de l’exposition, je suis face à mon sujet : un mur de végétation, comme un rideau de scène face au photographe.
Bienvenue dans cette nouvelle série intitulée « Hÿpėrbõlės, une contemplation surnaturelle du vivant ». Elle est ponctuée par des extraits de mes récentes lectures, des citations d’auteurs variés, de philosophes…
Phõtõsÿnthėse :
Lė fíl ínfrārõùgė de cette série est la photosynthèse. La lumière vive déclenche la photosynthèse, je déclenche mon appareil photographique. Tout ce qui « photosynthètise », par exemple la végétation, ressort en blanc sur les photographies. Le reste apparaît classiquement en nuances de gris.
La photosynthèse est une activité invisible à l’œil nu, tout comme d’autres activités (la pollinisation, le cycle de l’azote, etc.).
Pourtant, ces activités sont essentielles au fonctionnement de nos écosystèmes, de la biodiversité, etc. Dans le contexte d’une société totalement hors-sol (la nôtre) et dans laquelle l’espèce humaine a perdu le bon sens, il s’agit à travers cette exposition, d’interpeller le public, en montrant différemment ces activités dites « naturelles », cachées ou invisibles et pourtant essentielles à notre propre survie. 
Une végétation, vue « autrement » pour faire prendre conscience de son existence, de son importance, à travers une représentation inattendue.
Au final, la vingtaine de photographies exposée représente différentes végétations, principalement des paysages, des arbres et des cours d’eau. Ces photographies ont été réalisées dans trois contextes différents au cours de l’été 2023.
Qu’il s’agisse des jardins du château de Versailles, de paysages des Hautes-Alpes partiellement transformés par l’Homme, ou encore de la vallée sauvage de la Credogne, dans le Puy-de-Dôme, c’est une végétation « surnaturelle » que j’expose.
Références :
Le titre et les légendes de cette série empruntent une des polices de caractères utilisée par Alain Damasio dans son livre « Les furtifs » (éd. La volte 2019). Une manière de signifier au spectateur le caractère surnaturel de la prise de vue, comme le ferait un traqueur de son roman. C’est-à-dire en réalisant des prises de vues infrarouges…
Le style employé pour les citations accompagnant les photographies est emprunté au chanteur Orelsan, notamment la chanson intitulée « Basique ».
715 nanomètres :
Les photographies ont été réalisées en utilisant un reflex bi-objectif japonais Mamiya C220, une optique équivalente 35 mm (en 24 x 36), des films argentiques infrarouges 120 mm Rollei Infrared 400 ISO de 16 vues et un filtre infrarouge Heliopan de longueur d’onde 715 nanomètres.
Les trois-quarts des photographies ont été réalisés « à main levée » en utilisant une cellule Sekonic L-208 ou en appliquant tout simplement la règle de f/16.

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